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Comment valoriser une startup ?

Par Guillaume Pommier

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5 min de lecture

Il existe de nombreuses méthodes de valorisation possibles pour évaluer le prix de cession d’une entreprise. Dans le cas où vous souhaiteriez maîtriser les principales méthodes de valorisation (les comparables boursiers, les transactions précédentes et le DCF), un cours complet sur la Valorisation est disponible sur la plateforme Training You. Comme cela, l’évaluation du prix de cession d’une entreprise ne sera plus un secret pour vous ! Mais valoriser une startup requiert une expertise particulière.

Dans cet article, nous nous pencherons plus précisément sur le cas des méthodes de valorisation utilisées pour valoriser une startup. Dans les faits, elles sont exactement les mêmes que pour les autres entreprises. Mais certaines spécificités doivent être connues par les banquiers M&A pour adapter ces méthodes de valorisation à la startup.

Valoriser une startup avec les méthodes traditionnelles

La méthode DCF

La méthode DCF repose sur l’actualisation des flux de trésorerie futurs générés par l’entreprise. Elle se divise en trois étapes. D’abord, on calcule la valeur de l’entreprise sur un horizon explicite, en général entre 5 et 7 ans. Ensuite, on calcule la valeur de l’entreprise au-delà de cette période en utilisant la valeur terminale. Enfin, chaque flux est actualisé (ou ramener à sa valeur présente) à un taux qui représente le risque opérationnel de l’entreprise. Ce taux reflète aussi le coût de financement global pour l’entreprise, défini comme le taux de rendement minimum exigé par l’ensemble des pourvoyeurs de fonds pour financer l’entreprise.

Pour valoriser une startup, ces trois étapes sont parfaitement valides. Cependant, la durée de l’horizon explicite doit souvent être supérieure à 5 ou 7 ans. En effet, une startup n’est presque jamais rentable dans les premières années d’activité. Son EBITDA est souvent négatif, et ses flux de trésorerie disponibles aussi. Si l’ensemble des flux de trésorerie disponibles calculés pendant la période de projection (prenons par exemple 5 ans) sont négatifs, alors plus de 100% de la valeur d’entreprise est liée à la valeur terminale. Cela n’a aucun sens en théorie financière. Surtout, cette valeur terminale doit être calculée en utilisant un flux de trésorerie « normatif ». Ce flux doit représenter les flux générés par l’entreprise sur le long terme. Que faire si ce dernier est négatif ? Cela n’a aucun sens.

Par conséquent, on prolonge l’horizon explicite (10 ou 15 ans) le temps que la startup soit rentable, avec des flux de trésorerie positifs pendant quelques années.

Les méthodes des multiples

La méthode des multiples renvoie au comparables boursiers ou transactions précédentes. Le principe est le suivant. D’abord, on sélectionne un échantillon d’entreprises comparables, soit des entreprises cotées en bourse (ce sont les comparables boursiers ou trading comparables) soit des entreprises ayant fait l’objet d’une acquisition dans les précédentes années (ce sont les transactions transactionnels ou précédente transaction). Ensuite, on calcule un multiple pour chacune des entreprises comparables qui constituent les échantillons. Le multiple le plus couramment utilisé est EV/EBITDA. Enfin, on applique la moyenne ou la médiane des multiples à un agrégat de l’entreprise que l’on cherche à valoriser, ici l’EBITDA par exemple.

Cependant, les startups ont souvent un EBITDA négatif ou très faible dans les premières années de leur existence. Il est alors pertinent de calculer des multiples qui utilisent un autre agrégat que l’EBITDA. On pourra alors utiliser le chiffre d’affaires (EV/Revenue) ou des indicateurs opérationnels (par exemple le nombre d’utilisateurs pour une plateforme). De la même manière que pour les autres entreprises, on calculera une moyenne ou médiane qu’on appliquera ensuite à l’entreprise à valoriser.

En conclusion, pour valoriser une startup, on utilise les mêmes méthodes de valorisation qu’une autre entreprise. Néanmoins, ces méthodes doivent s’adapter aux spécificités des startups, en particulier le manque de rentabilité dans les premières années.

Valoriser une startup avec d’autres méthodes 

La méthode du Venture Capital

La méthode du Venture Capital ressemble à la méthode du LBO pour les fonds de Private Equity. Premièrement, elle se place du point de vue de l’investisseur. Deuxièmement, elle prend en compte ses différentes contraintes. Concrètement, la méthode du VC répond à la question suivante : si je veux investir un certain ticket (contrainte de financement), à quelle valorisation dois-je le faire pour obtenir ce rendement (contrainte de rentabilité), étant donné l’évolution supposée de la startup et le multiple auquel je pourrai sortir (contraintes opérationnelles) ?

Passons en revue les contraintes :

  • Contrainte de financement. Le fonds a établi une stratégie d’investissement et doit injecter des tickets à l’intérieur d’une certaine fourchette. Exemple : entre 10m€ et 30m€
  • Contrainte de rentabilité. Le fonds doit atteindre un certain TRI pour rendre l’argent à ses LPs (investisseurs) et se payer aussi. Cette contrainte inclut aussi la dilution que le fonds va nécessairement subir au fur et à mesure des prochains tours de table. Par exemple, s’il prend une participation de 20% aujourd’hui, il détiendra certainement moins que cela à sa sortie (sauf s’il réinvestit lors des prochaines levées)
  • Contrainte opérationnelle. Cela correspond à l’évolution du marché de la startup et de son Business Plan sur ce marché. Cette contrainte prendre aussi en compte le risque de faillite, surtout si la startup est encore en « early stage »

On peut noter que la méthode du Venture Capital se base sur plusieurs hypothèses qui sont par nature très incertaines au stade de maturité de l’entreprise (Business Plan, multiples de sortie, etc.).

La méthode du Scorecard

La méthode du Scorecard est une variante des multiples. Elle repose sur la comparaison de la cible avec d’autres startups similaires dans le même stade de développement. Les étapes sont les suivantes :

  • Identification des facteurs de valorisation. Exemples : expérience de l’équipe fondatrice, taille du marché cible, technologie, traction du marché, concurrence, etc.
  • Attribution de scores aux facteurs de valorisation (par rapport à d’autres startups au même stade de développement). Par exemple, une startup avec une équipe fondatrice expérimentée a un score plus élevé que celle avec une équipe moins expérimentée
  • Pondération des facteurs de valorisation (en fonction de leur importance relative pour la valorisation globale de la startup)
  • Calcul de la valorisation. Cela repose sur l’agrégation des scores pondérés de chaque facteur de valorisation
  • Ajustements et négociations (en fonction d’autres facteurs). Exemples : niveau de risque associé à l’investissement, perspectives de croissance, conditions du marché

En résumé, la méthode du Scorecard évalue la valeur relative de la startup en fonction de ses caractéristiques spécifiques et du contexte du marché.

Pour conclure, valoriser une startup n’est pas facile. Par conséquent, les investisseurs appliquent souvent une règle simple : la proportionnalité ! Premièrement, il sait combien il va investir. Car cela dépend de la taille moyenne du ticket et des besoins de la startup. Deuxièmement, il sait le pourcentage qu’il veut détenir à chaque tour. Car cela dépend des projections concernant les prochaines levées et donc la dilution qu’il va subir dans le futur. Par conséquent, la valorisation est souvent une résultante de ces deux données. Par exemple, le fonds injecte 10m€ et veut détenir 20% post-money (valorisation après la levée de fonds). La valorisation post-money est donc de 50m€ (10m€/20%). Et la valorisation pre-money (avant la levée de fonds) est de 40m€ (50m€ – 10m€).

Pour en apprendre davantage, vous pouvez visionner le cours de Venture Capital sur la plateforme Training You.

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Quelles sont les principales méthodes de valorisation ?

Les méthodes de valorisation font parmi des notions les plus importantes en Corporate Finance. D’abord, la valorisation fait partie des travaux récurrents du banquier M&A, que ce soit dans le cadre d’un pitch (phase d’origination) ou dans le cadre d’un mandat (phase d’exécution). En effet, difficile d’acheter ou de vendre une société sans connaitre sa valeur ! Ensuite, la maîtrise des méthodes de valorisation est très fréquemment évaluée pendant les entretiens en M&A. Par conséquent, c’est important de les connaitre et surtout de bien les comprendre. Dans cet article, nous passons en revue les principales méthodes de valorisation, leur fondement et leur utilisation. A chaque fois, vous pouvez retrouver plus de détails toutes ces méthodes dans notre cours dédié aux méthodes de valorisation sur la plateforme. Les trois méthodes de valorisation traditionnelles Les trois principales méthodes de valorisation sont les comparables boursiers, les transactions comparables et le DCF. Les deux premières (comparables boursiers et transactions précédentes) sont des méthodes analogiques. La troisième (DCF) est une méthode intrinsèque. Les méthodes analogiques Les méthodes analogiques reposent sur la comparaison de la cible avec des sociétés analogues, qu’on appelle des comparables. Dans le cas des comparables boursiers (« trading comparables » en anglais), les sociétés analogues sont des entreprises cotées en bourse. Et le point de comparaison est le cours de bourse des entreprises comparables Dans le cas des transactions précédentes ( « precedent transactions » en anglais), les sociétés analogues sont des entreprises qui ont fait l’objet d’une acquisition dans une période relativement récente. Et le point de comparaison est le prix par action offert par l’acquéreur pour racheter l’entreprise Le fondement des deux méthodes analogiques réside donc dans la capacité du banquier à extérioriser un prix pour chaque entreprise comparable (cours de bourse ou prix par action offert par l’acquéreur), calculer des multiples de valorisation à partir de ce prix et appliquer ces multiples à la cible qu’il cherche à valoriser. Ce travail repose sur trois grandes étapes, qui sont d’ailleurs communes aux deux méthodes analogiques : Etape 1 : Sélectionner un échantillon d’entreprises comparables Cette sélection se base sur l’application de plusieurs critères de sélection. Ces critères sont très précisément décrits dans le cours dédié aux méthodes de valorisation sur la plateforme Training You. Evidemment, ce qu’on peut déjà dire à ce stade, c’est que ces entreprises comparables sont nécessairement cotées en bourse pour la méthode des comparables boursiers et ont fait l’objet d’une acquisition pour les comparables transactionnels. En effet, dans les deux cas, le banquier M&A peut extérioriser un prix et construire à partir de ce prix une analyse comparative Etape 2 : Calculer des multiples Une fois l’échantillon d’entreprises comparables construit, le banquier M&A calcule des multiples. Les multiples permettent de rapporter une valeur absolue (Enterprise Value, Equity Value) à un agrégat comptable de l’entreprise (chiffre d’affaires, EBITDA, résultat net, etc.). Par exemple, le multiple le plus couramment utilisé pour les méthodes analogiques est EV/EBITDA. Pour obtenir une revue de l’ensemble des multiples utilisables et comprendre comment les calculer pour chaque méthode, nous vous renvoyons encore une fois à notre cours de valorisation Etape 3 : Appliquer une moyenne ou médiane des multiples à la cible Après avoir calculé des multiples pour chacune des entreprises comparables, le banquier applique leur moyenne ou médiane à l’agrégat pertinent de la cible. Par exemple, si la médiane des multiples EV/EBITDA ressort à 10 fois et que l’EBITDA de la cible est de 150 millions d’euros, l’EV de la cible s’élèvera avec 1,5 milliards d’euros La méthode intrinsèque du DCF La méthode intrinsèque du DCF (« Discounted Cash Flows » en anglais) considère que la valeur de l’entreprise correspond à la valeur présente de l’ensemble des  flux de trésorerie disponibles (« Free Cash Flows » en anglais) qu’elle génèrera  à l’avenir. Cette méthode s'appele « intrinsèque » car elle se base principalement sur les performances de la cible elle-même et non sur des entreprises comparables. Le fondement de la méthode du DCF réside dans l’actualisation de ses flux de trésorerie disponibles. Ce travail repose sur trois étapes : Etape 1 : Calculer les flux de trésorerie disponibles sur un horizon explicitement défini Ce calcul s’appuie essentiellement sur le Business Plan de l’entreprise sur les prochaines années (généralement entre 5 et 7 ans, mais c’est variable). Pour savoir comment calculer les flux de trésorerie disponibles et comprendre la logique financière derrière chacun des éléments de la formule de calcul, vous pouvez visionner la section réservée au DCF dans notre cours de valorisation Etape 2 : Actualiser les flux de trésorerie disponibles Une fois les flux de trésorerie disponibles calculés, le banquier M&A doit les actualiser. En effet, la théorie de la « valeur temps de l’argent » nous apprend qu’un euro demain ne vaut pas tout à fait le même euro aujourd’hui. Puisque le détenteur de cet euro peut le placer à un taux d’intérêt et gagner un petit surplus lié à la rémunération de son placement dans le temps. C’est le principe même de l’épargne. Par conséquent, si le « Free Cash Flow » de l’année 3 (donc celui dans 3 ans) s’élève à 50 millions d’euros, sa valeur présente sera inférieure. Mais de combien ? En réalité, l’actualisation dépend de la probabilité de recevoir effectivement ces 50 millions d’euros dans 3 ans, et donc inversement du risque de ne pas les toucher... Ce risque est capturé par un taux d’actualisation : le WACC (« Weighted Average Cost of Capital ») en anglais ou le CMPC (« Coût Moyen Pondéré du Capital ») en français. Concrètement, le banquier actualise chaque « Free Cash Flow » à l’aide de ce taux, qui représente par ailleurs le coût global du financement pour l’entreprise. Plus l’entreprise est « risquée », plus ses flux futurs sont incertains et plus le taux d’actualisation sera élevé. Cela réduira mécaniquement la valeur présente des flux futurs et donc la valorisation obtenue avec le DCF. Les détails de ce mécanisme d’actualisation sont parfaitement explicités dans le cours de valorisation sur la plateforme Etape 3 : Calculer la valeur terminale La somme des flux de trésorerie disponibles actualisés sur l’horizon explicite correspond à la valeur de l’entreprise pendant cette période. Or, l’entreprise ne vas pas disparaitre après. Le banquier M&A doit donc calculer la valeur présente de l’ensemble des « Free Cash Flows » au-delà de cette période, et ce jusqu’à l’infini. C’est précisément l’objectif de la valeur terminale. Cette valeur se calcule de deux manières : Gordon-Shapiro ou les multiples. Chacune d’entre elle est détaillée dans notre cours de valorisation  Les autres méthodes de valorisation Les méthodes traditionnelles sont les plus souvent utilisées. Mais au-delà de ces trois méthodes, le banquier M&A détient d’autres cordes à son arc de valorisation. Passons en revue rapidement quelques méthodes additionnelles pouvant être utilisées pour valoriser une entreprise. Les méthodes de valorisation des sociétés cotées D’abord, deux méthodes s’appliquent uniquement aux sociétés cotées en bourse car elles reposent sur l’analyse de l’évolution du cours de bourse sur une période récente. La méthode du « Share Price » Cette méthode consiste à calculer la moyenne du cours de bourse de la cible sur une période récente (3 mois, 6 mois, 12 mois) et s’en servir comme référence pour en déduire sa valeur. Elle est certes assez simpliste, mais donne une idée très précise du prix payé concrètement par des investisseurs pour acheter une action de l’entreprise. Par conséquent, elle est une référence pertinente pour obtenir une idée de combien elle vaut. Le banquier M&A doit néanmoins faire attention aux variations du cours de bourse qui seraient liées non pas à l’évolution de la valeur fondamentale de la société, mais davantage à un choc externe. Par exemple, si un acquéreur annonce son intention de lancer une offre publique (OPA ou OPE) sur la société, alors il est plus que probable que son cours de bourse grimpe de manière rapide par simple réaction à cette information. C’était par exemple le cas du cours de M6 début 2021 quand RTL Group a confirmé une potentielle cession de la chaîne La méthode du « Target Price » Cette méthode repose sur l’opinion des brokers qui suivent la société. Dans leurs notes de recherche (appelée aussi notes de brokers et disponibles à travers des bases de données payantes comme Bloomberg ou Refinitiv), ils indiquent un cours de bourse cible pour l’entreprise, basé sur leur prévision concernant l’évolution du cours de bourse dans les prochaines semaines. Si le cours prévisionnel est supérieur au cours de bourse actuel, ils recommandent aux investisseurs d’acheter le titre. Dans le cas contraire, ils conseillent de le céder. De la même manière que pour la méthode du « Share Price », le banquier M&A doit cependant faire attention aux dates de publications de ces notes. Car des prévisions antérieures à un évènement impactant pour l’entreprise (ex : publication de ses résultats, acquisition d’une entreprise, cession d’une filiale, changement du CEO) seront vite obsolètes La méthode LBO Ensuite, la méthode LBO s'utilise pour valoriser une entreprise qui est sur le point de faire l’objet d’un LBO, autrement dit une opération à effet de levier (avec un financement significatif en dette) par un fonds de Private Equity. Concrètement, la méthode LBO permet de répondre à la question suivante : quel montant le fonds de Private Equity peut-il  injecter en Equity pour faire le LBO, étant donné ses différentes contraintes de financement (levier financier), opérationnelles (Business Plan de la cible) et financières (TRI exigé par les LPs) ? Pour comprendre les différentes étapes de la méthode et avoir un exemple chiffré, nous vous conseillons de visionner la partie dédiée à la méthode LBO dans notre de valorisation sur la plateforme. Les méthodes patrimoniales Enfin, les méthodes patrimoniales reviennent à évaluer chaque élément de l’actif et du passif exigible de l’entreprise puis à en déduire la valeur de son actif net. Cette actif net s’obtient en calculant la différence entre la somme des actifs diminué du passif exigible. Dans cet exercice particulièrement difficile, le banquier M&A doit réévaluer chaque élément du bilan de l’entreprise en partant de sa valeur comptable, en fonction de ses propres hypothèses et de la santé financière de l’entreprise. C’est ce qu’on appelle faire un ANR ou Actif Net Réévalué. En général, ces méthodes s'utilisent dans des situations spéciales comme une restructuration. Pour conclure, les méthodes de valorisations sont des notions à absolument connaitre si vous souhaitez faire un stage en M&A ou Corporate Finance. Les recruteurs testent les candidats presque systématiquement sur ces méthodes. Alors donnez-vous toutes les chances de bien maitriser la valorisation avec les cours et cas pratiques que nous proposons pour vous préparer aux entretiens. Vous souhaitez en savoir plus sur les méthodes de valorisation et les autres concepts financiers ? Pour vous aider, Training You est la 1ère plateforme de préparation en ligne aux entretiens en Corporate Finance. Fondée par deux anciens banquiers de Lazard, elle regroupe tout ce que vous devez connaitre pour réussir les process de recrutement en M&A, Private Equity et autres métiers en Corporate Finance : questions de fit, questions techniques, exercices et cas pratiques, tests d’entraînement, fiches sur les banques et les fonds d’investissement, podcasts avec des professionnels du secteur. Une plateforme de cours pour un seul et même objectif : décrocher le stage de vos rêves ! Découvrir les cours de la plateforme


Par Guillaume Pommier

7 min de lecture

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5 concepts économiques à maîtriser pour la valorisation en M&A

Les entretiens en M&A sont très sélectifs. La valorisation fait partie des thématiques systématiquement évaluées pendant l'entretien en M&A. Pour réussir l’entretien M&A, c’est très important de comprendre et savoir dérouler les principales méthodes de valorisation : DCF, méthodes analogiques, LBO et autres. Pour briller sur la valorisation en M&A, vous devez maîtriser certains concepts économiques. Dans cet article, nous parcourons 5 concepts à connaitre pour briller en valorisation lors d'un entretien en M&A. 1) Valorisation en M&A : Le « Risk Free Rate » Le « Risk Free Rate » (ou « taux sans risque » en français) est le taux d’intérêt exigé par un investisseur pour détenir un actif supposé « sans risque ». En général, l’actif sans risque correspond à une dette émise par un Etat (une dette souveraine) qui jouit d’une bonne réputation sur les marchés financiers de sorte que son risque de faillite est quasi-nul voire nul. Pour la France Pour la France, il est commun d’utiliser le taux d’intérêt exigé par les investisseurs pour détenir une OAT (Obligation Assimilable au Trésor) à horizon 10 ans. Concrètement, l’Etat français émet des OAT pour assurer son financement à moyen et long terme La première OAT a été émise en 1985 par Pierre Bérégovoy qui était alors Ministre des Finances. Depuis 2001, c’est l’Agence France Trésor qui est chargée de l’émission de la dette souveraine. Les taux de l’OAT sont publics et disponibles sur le site de la Banque de France. En octobre 2023, le rendement attendu sur l’OAT à 10 ans s’élevait à 3,5%. Ce chiffre est nettement plus élevé par rapport aux années 2010 en raison du retour de l’inflation depuis 2022 Pour l'Europe Pour un pays européen dont les finances publiques seraient moins stables que la France, on peut utiliser comme référence l’obligation émise par l’Etat allemand (dont les finances publiques sont considérées comme les plus stables du continent). Dans ce cas, on prendra le « Bund » à 10 ans. Ce taux s’établissait autour de 2,4% en novembre 2023. Parfois, il est aussi possible d’utiliser l’EURIBOR (Euro Interbank Offered Rate) qui correspond au taux interbancaire auquel les banques peuvent s’échanger de l’argent entre elles Pour les Etats-Unis Pour les Etats-Unis, c’est la même idée. On utilise une obligation émise par le trésor américain sur le long terme (en général 10 ans). On les appelle les « Treasury Bonds ». Leur rendement s’élevaient autour de 4% en novembre 2023 Dans le cadre d’une valorisation par la méthode du DCF, le « Risk Free rate » est le point de départ du calcul du coût des capitaux propres en utilisant le MEDAF (Modèle d’Evaluation Des Actifs Financiers) ou « CAPM » (Capital Asset Pricing Model) en anglais. Concrètement, le coût des capitaux propres (qui correspond au taux de rendement exigé par les actionnaires pour détenir une action) est la somme entre le rendement exigé pour détenir l’actif sans risque et une prime de risque (qui intègre le risque additionnel de détenir une action par rapport à l’actif sans risque). On a : Coût des capitaux propres = Risk Free Rate + Prime 2) Valorisation en M&A : Le taux d’inflation Le taux d’inflation s'obtient en comparant le prix total d’un panier de biens et services au cours d’une période donné à celui relevé pour une période précédente. En effet, dans une économie de marché (comme la France, l’Europe ou les Etats-Unis), les prix varient. Précisons deux points. Premièrement, l’inflation intervient lorsque les prix augmentent globalement et non seulement le prix de certains biens et services. Deuxièmement, la mesure de l’inflation se base sur les dépenses moyennes de l’ensemble des ménages (selon le poids des différents biens et services achetés). Pour l’année 2023, le taux d’inflation prévisionnel est de 5,8% pour la France, 5,2% dans les pays de l’Union Européenne et 4,5% aux Etats-Unis. Notons que ces taux sont bien plus élevés que ceux connus depuis 20 ans dans les pays développés ! Dans le cadre d’une valorisation par la méthode du DCF, le taux d’inflation est l’une des deux références qu’on peut utiliser pour approximer le taux de croissance à l’infini (ou « Perpetual Growth Rate » an anglais) lors du calcul de la Valeur Terminale. En effet, selon la méthode de Gordon-Shapiro, la Valeur Terminale (qui capture la valeur de l’entreprise au-delà de l'horizon explicite) se calcule de la manière suivante : Valeur Terminale = FCF normatif x (1+g) / (WACC-g) Avec : FCF normatif: flux de trésorerie disponible à la fin de l'horizon explicite g: taux de croissance à l'infini (souvent le taux d'inflation ou le taux de croissance du PIB) WACC : coût moyen pondéré du capital 3) Valorisation en M&A : Le taux de croissance Le PIB (Produit Intérieur Brut) est un indicateur économique permettant de mesurer la production de richesses d’un pays, c’est-à-dire la valeur de tous les biens et services produits dans le pays sur une année. La variation du PIB d’une année sur l’autre permet de mesurer le taux de croissance économique d’un pays qu’on appelle aussi le taux de croissance du PIB. À l’inverse, une diminution du PIB traduit une décroissance de l’économie. Souvent, le PIB par habitant reflète aussi le « niveau de vie » dans le pays. En 2022, le taux de croissance du PIB était de 2,5% en France, 3,5% pour l'Union Européenne (et la zone euro) et 2,1% aux Etats-Unis. Dans le cadre d’une valorisation par la méthode du DCF, le taux de croissance du PIB est l’autre référence (avec le taux d’inflation) qu’on utilise pour approximer le taux de croissance à l’infini (« Perpetual Growth Rate ») lors du calcul de la Valeur Terminale. Entre 2012 et 2022, les banquiers M&A adoptent une approche conservatrice dans le calcul de la Valeur Terminale (faible inflation) en utilisant le taux d’inflation. Depuis 2022, le taux de croissance du PIB devient (au moins à court terme) une meilleure référence pour approximer le taux de croissance à l’infini. En effet, une croissance des flux de l’entreprise à l’infini basée sur l’inflation aujourd’hui serait bien trop élevée et irréaliste !  4) Valorisation en M&A : La prime de contrôle La prime de contrôle est le surplus de prix payé par un acquéreur pour détenir le contrôle d’une entreprise au-delà d’un certain montant. Dans le cadre d’une offre publique (OPA ou OPE sur une société cotée), ce montant est par exemple le cours de bourse, correspondant à la valeur boursière en vigueur du titre et qui résulte des échanges entre les investisseurs sur le marché boursier. En théorie, son fondement repose sur la valeur actuelle des synergies attendues dans le cadre du rachat. Ces synergies proviennent de l’augmentation des revenus (ex : ventes croisées, accès à de nouveaux marchés, etc.) ou de la diminution des coûts (ex : économies d’échelle, suppression des doublons, etc.). Par conséquent, l'acquéreur peut payer « plus cher » que la valeur « standalone » de la cible. Evidemment, la valeur présente des synergies dépend principalement du niveau de complémentarité entre les deux entreprises En pratique, la prime de contrôle oscille souvent entre 20% et 30% du prix par action. Mais ce chiffre peut aussi augmenter en fonction du contexte concurrentiel sur l’opération (compétition entre les acheteurs pour la cible). 5) Valorisation en M&A : Les multiples EV/EBITDA selon les secteurs Dans le cadre d’une valorisation avec les méthodes analogiques (comparables boursiers ou transactions précédentes), on utilise des multiples à partir d’un agrégat bénéficiaire de l’entreprise pour arriver à la valeur de la cible. Le multiple le plus couramment utilisé est EV/EBITDA. En effet, l’EBITDA est la véritable mesure de la performance opérationnelle de l’entreprise (qui résulte de son exploitation) avant prise en compte de sa politique d’investissement (D&A), financière (Interests) et fiscale (Taxes). En France, les entreprises sont en moyenne valorisées autour de 10x l’EBITDA fin 2023, tous secteurs confondus. Mais cette moyenne cache aussi de forte disparités sectorielles. En effet, il est peu pertinent d’appliquer un multiple d’une entreprise du secteur pharmaceutique à une entreprise industrielle par exemple. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que la manière dont les investisseurs valorisent une entreprise dépend de son secteur d’activité, plus précisément de plusieurs facteurs sectoriels (croissance, niveau de rentabilité dégagé sur cette activité, contexte concurrentiel, etc.). Voici quelques exemples de multiples EV/EBITDA par secteur en au 3ème trimestre 2023 :   Vous souhaitez faire un stage en M&A ? Les banques d’affaires recrutent chaque année des stagiaires. Cependant, les process de recrutement sont de plus en plus compétitifs. Pour optimiser vos chances de réussite, c’est avec Training You ! 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Par Ziad Sebti

6 min de lecture

Décryptage
Qu’est-ce que la Dry Powder en Private Equity ?

Dans le monde du Private Equity, la « Dry Powder » (ou « Poudre Sèche » en français) fait référence à l’argent qui a été levé par un fonds d'investissement mais qui n'a pas encore été investi. Concrètement, c'est l'argent disponible pour réaliser des investissements mais qui n'a pas encore été déployé. Dans cet article, nous allons d’abord rappeler les enjeux actuels autour de la « Dry Powder », puis mentionner les avantages et les inconvénients de bénéficier d’une « Dry Powder » élevée et enfin mentionner quelques exemples de fonds qui ont précisément constitué une « Dry Powder » importante ces dernières années. L’enjeu de la « Dry Powder » en Private Equity Dans un marché du Private Equity en ralentissement depuis 2022, plusieurs enjeux majeurs concernent directement la « Dry Powder ». D’abord, les fonds d’investissement disposent d’une manne de capitaux propres sans précédent. En effet, selon le rapport publié par le cabinet de Conseil en stratégie Bain & Company en février 2023, le montant de « Dry Powder » atteignait 3 700 milliards de dollars fin 2022, contre 3 200 milliards de dollars un an plus tôt. Précisément, 1 900 milliards de dollars concernent spécifiquement le Private Equity, majoritairement sur le segment du LBO avec 1 100 milliards de dollars. Source : Bain & Company   Ensuite, cette « Dry Powder » est de plus en plus vieille pour le LBO. Concrètement, son âge moyen est passé de 19 à 25 mois entre 2019 et 2021. Comment expliquer ces évolutions ? Deux facteurs peuvent être avancé. Premièrement, les fonds ont levé beaucoup d’argent dans le sillage de la crise du Covid-19. En effet, les investisseurs (LPs) étaient confiants dans la capacité des fonds d’investissement (GPs) à générer des rendements importants avec le Private Equity Deuxièmement, les fonds ont diminué leurs investissements depuis 2022. Cela s'explique par pour plusieurs raisons : durcissement des conditions de financement, attentes trop élevées des vendeurs sur la valorisation, attentisme des acquéreurs, etc. Par conséquent, le stock d’argent levé mais non investi augmente. Les avantages d’une « Dry Powder » élevée  La « Dry Powder » offre plusieurs avantages en Private Equity : Opportunités d'investissement. En disposant d'une réserve de liquidités, les fonds d'investissement ont la flexibilité nécessaire pour saisir rapidement les opportunités d'investissement qui se présentent. Cela leur permet d'être réactifs sur le marché. En effet, ils peuvent saisir des occasions qui pourraient ne pas être accessibles à d'autres investisseurs moins bien capitalisés Négociation favorable. Avec une « Dry Powder » importante, les fonds d'investissement peuvent souvent négocier des conditions plus avantageuses lors de l'acquisition d'entreprises ou de prises de participation. Ils peuvent par exemple accepter des niveaux de valorisation plus élevés. Car ils ont l’argent pour investir. Ils peuvent aussi négocier des clauses contractuelles plus souples Gestion du risque. La disponibilité de liquidités permet aux fonds d'investissement de diversifier leurs investissements et de répartir le risque sur un portefeuille de nombreuses entreprises. Cela peut atténuer les effets de pertes éventuelles sur un investissement particulier Soutien à la croissance. La « Dry Powder » peut être utilisée pour financer la croissance des entreprises dans lesquelles les fonds d'investissement détiennent des participations. Cela peut inclure des investissements (croissance organique) ou l’acquisition de cibles avec des build-up (croissance externe) Génération de rendements. En investissant la « Dry Powder » de manière judicieuse, les fonds d'investissement visent à générer des rendements plus élevés pour les investisseurs. En effet, ils peuvent gérer ce stock d’argent dans le temps dans le cadre d’une allocation stratégique des capitaux En résumé, la « Dry Powder » permet aux fonds d'investissement d'être flexibles, réactifs et stratégiques dans leurs investissements. Les inconvénients d’une « Dry Power » trop importante Une « Dry Powder » trop élevée en Private Equity présente aussi certains inconvénients : Pression pour investir. Si un fonds d'investissement accumule une quantité importante de « Dry Powder », il peut ressentir une pression pour investir cet argent rapidement afin de ne pas compromettre les rendements prévus pour ses investisseurs. Cette pression peut entraîner des décisions d'investissement hâtives ou des compromis sur la qualité des opportunités d'investissement Surévaluation des actifs. Une « Dry Powder » abondante contribue à une concurrence accrue pour les opportunités d'investissement. Cela peut conduire à une surévaluation des actifs. Les fonds d'investissement pourraient être contraints de payer des prix excessifs pour les cibles, ce qui pourrait réduire leur TRI, c’est-à-dire les rendements futurs de leurs investissements Risque de déploiement inefficace des capitaux. Lorsque les fonds d'investissement disposent d'une « Dry Powder » importante, il peut être tentant d'investir dans des entreprises ou des secteurs moins bien adaptés à leur stratégie d'investissement, simplement pour déployer les capitaux. Cela augmente le risque que les investissements ne produisent pas les rendements attendus Pression sur les performances à long terme. Un déploiement inefficace de la « Dry Powder » peut compromettre les performances à long terme du fonds d'investissement. Si les investissements ne génèrent pas les rendements attendus ou si les entreprises acquises ne parviennent pas à croître comme prévu, cela peut avoir un impact négatif sur les rendements globaux du fonds et sur sa réputation auprès des investisseurs. Cela sera alors plus difficile de lever d’autres fonds à l’avenir Incertitude en période de volatilité. En période de volatilité économique ou de turbulences sur les marchés financiers, une « Dry Powder » élevée peut représenter un fardeau supplémentaire pour les fonds d'investissement. Ils peuvent être confrontés à des difficultés pour trouver des opportunités d'investissement attrayantes dans un environnement incertain. Et cela compromet leur capacité à déployer efficacement les capitaux En résumé, une « Dry Powder » excessive peut entraîner des pressions et des risques pour les fonds d'investissement. Cela concerne en particulier la qualité des investissements, les performances à long terme et la gestion de la volatilité du marché. Quels fonds de Private Equity détiennent la « Dry Power » ? En Private Equity, 25 fonds détiennent 22% du total de la « Dry Powder » en 2023. Cette forte concentration des capitaux au sein d'un petit nombre de fonds traduit la « prime à la qualité » recherchée par les investisseurs. Quelques exemples : Apollo avec 55 milliards de dollars KKR avec 43 milliards de dollars CVC avec 39 milliards de dollars Ardian avec 31 milliards de dollars Blackstone avec 29 milliards de dollars Vous voulez travailler en Private Equity ? Les process de recrutement sont compétitifs pour les fonds d’investissement. Training You est la 1ère plateforme de préparation en ligne aux entretiens en Corporate Finance. Avec nos Packs, vous aurez accès aux vidéos sur les concepts techniques à maîtriser (avec entre autres un cours complet sur le Private Equity), des exercices et cas pratiques d’entraînement, des fiches sur les entreprises (dont 30 fonds de Private Equity), des podcasts exclusifs avec des professionnels. Une plateforme de cours pour un seul et même objectif : décrocher le stage de vos rêves ! Découvrir les cours de la plateforme


Par Quentin Demaret

4 min de lecture