Le Private Equity chez Mirova : ITW avec Anne-Laurence Roucher
« Mirova est une société de gestion dédiée à l’investissement responsable et l’impact. Notre mission est de combiner un retour sur investissement élevé et un impact environnemental et social robuste. C’est donc une finance respectueuse de la planète ! »
Anne-Laurence Roucher est Deputy CEO et Responsable des activités Private Equity et Capital Naturel* chez Mirova, une société de gestion spécialisée dans l’investissement à impact et plus globalement l’ESG. Dans cet entretien, elle évoque son parcours, raconte la création et le développement de Mirova et parle des profils ciblés par Mirova pour des stages.
Pouvez-vous nous présenter en quelques-mots votre parcours ?
J’ai étudié dans une école de commerce, l’ESCP à Paris. A la fin de mes études, en toute logique, je voulais me diriger vers le monde du business et du consulting. Mais je souhaitais avant tout un travail où je pouvais avoir un impact sur la société. C’était très important pour moi. J’ai vraiment hésité à travailler dans une ONG. Et finalement, j’ai débuté comme chef de projet pour une entreprise de réinsertion sociale dans le domaine de la restauration. Elle s’appelle La Table de Cana Paris-Antony. Dans cette entreprise, l’essentiel des collaborateurs était en contrat d’insertion. Le but était de les aider à obtenir un emploi permanent dans le secteur traditionnel de la restauration. Ils avaient des contrats de 6 à 18 mois en tant que commis de pâtisserie, commis de cuisine, serveur, livreur, etc. C’était super intéressant parce que c’était un business de traiteur avec 40 personnes en insertion !
Ensuite, je me suis dit que si je voulais continuer dans la voie de l’Impact, il fallait quand même que j’apprenne à faire du business. Donc j’ai passé 5 ans dans un cabinet de Conseil en stratégie qui s’appelle A.T. Kearney. J’ai travaillé essentiellement sur des missions dans le secteur des services financiers. Mes clients étaient des fonds de LBO, des banques d’investissement, des banques de détail et des compagnies d’assurance. Puis, après 5 ans, j’ai eu deux réflexions. La première, c’est que j’avais une vie de famille qui commençait. Donc j’avais envie d’avoir un peu plus de prise sur mon agenda et mon temps de travail. La seconde, c’est que j’avais envie d’arrêter de conseiller. Je voulais avoir des idées et les implémenter dans la durée.
Ainsi, j’ai rejoint Natixis à la stratégie. Parce que c’est difficile de changer à la fois d’entreprise et de métier ! Assez vite, après deux ans et demi, j’ai été recrutée par Natixis Asset Management pour m’occuper de leur stratégie. C’était juste au moment de la crise des « subprimes ». Donc sympa comme timing d’arrivée ! J’ai beaucoup travaillé sur le repositionnement stratégique de Natixis Asset Management, qui est devenu Ostrum. Des pistes importantes ont émergé à cette époque. Il y avait 3 milliards d’euros sous gestion en investissements responsables. Mon boss était déjà Philippe Zaouati, l’actuel DG de Mirova. On s’est dit que cela serait très intéressant de créer un business d’investissement responsable à beaucoup plus grande échelle. En effet, la crise des « subprimes » venait de la finance. Donc la finance pouvait aussi être source de solutions. Au début, on a implanté dans le plan stratégique de Natixis une Business Unit dédiée à l’investissement responsable. Cela a plutôt bien fonctionné. Et notre boss nous a dit : « Faites-en une société de gestion de plein exercice ». C’est comme ça que Mirova est née en 2012.
Vous connaissez donc bien l’histoire de Mirova. Vous avez réalisé une double transition de l’Asset Management vers le Private Equity et la finance durable. Pourquoi ce choix ?
C’est sûr que je connais bien l’histoire de Mirova ! On a lancé Mirova en 2012. A cette époque, l’investissement responsable n’était pas « le truc super à la mode ». C’était sympa. C’était frais. Mais c’était pas très sérieux. On nous regardait de manière légèrement condescendante. Et puis le temps est passé. Cela nous a permis de confirmer que ce positionnement était le bon. Avec la volonté croissante des investisseurs de prendre en compte les critères ESG dans leurs investissements, on est passé de 3 à 30 milliards d’euros sous gestion.
A la création de Mirova, je me suis occupée de tout ce qui n’était pas lié à l’investissement. C’est-à-dire le développement organique avec l’ouverture des bureaux aux Etats-Unis et à Singapour, les acquisitions et les fonctions support. Par conséquent, j’ai couvert plusieurs activités chez Mirova. Ensuite, quand on ambitionnait d’accélérer sur les Private Assets, j’ai supervisé ces activités. En effet, j’avais travaillé sur des acquisitions dans le Capital Naturel, notamment le rachat de Althelia en 2017. A cette époque, nous avions comme objectif plus d’un milliard d’euros pour l’investissement dans le Capital Naturel d’ici à 2022.
Pouvez-vous nous présenter Mirova aujourd’hui ?
Premièrement, la mission. Mirova est une société de gestion dédiée à l’investissement responsable et l’impact. Notre mission est de combiner un retour sur investissement élevé et un impact environnemental et social robuste. C’est donc une finance respectueuse de la planète ! D’ailleurs, on essaie d’y associer d’autres parties pour favoriser une transition large du monde de la finance vers le financement d’un monde plus durable.
Deuxièmement, la déclinaison des objectifs. Mirova est aujourd’hui une entreprise de presque 250 personnes et implantée dans le monde entier. Elle a des racines fortes en France évidemment. Mais elle peut aussi compter sur des équipes assez larges à Boston, Londres, Nairobi et Singapour. Par conséquent, on grandit petit à petit. Et Mirova gère aujourd’hui 30 milliards d’euros d’actifs. Nos classes d’actifs sont diversifiées : actions cotées sur les marchés financiers, obligations vertes et durables, infrastructures liées à la transition énergétique, Capital Naturel et Private Equity.
Troisièmement, la croissance. Mirova est encore un petit acteur. Mais on commence à avoir une taille certaine malgré tout ! Et je suis fière du chemin parcouru. Maintenant, il faut continuer le développement.
Quelles sont les particularités de Mirova par rapport aux autres acteurs du Private Equity ou fonds de LBO ?
Mirova est loin des gros fonds de LBO conventionnels. On investit plutôt en Série B ou C. L’objectif ? C’est de permettre à l’entreprise de développer une technologie qui a un impact environnemental ou sociétal fort. De plus, on choisit des classes d’actifs qui ont beaucoup de potentiel de croissance. Et il y a encore beaucoup à faire ! On veut avoir un positionnement assez authentique, en cherchant à la fois un bon TRI et un impact environnemental et sociétal fort. C’est vraiment ça qui m’intéresse. D’ailleurs, c’est ce que l’on retrouve dans le positionnement de chacun de nos fonds.
Quelle est la stratégie de Mirova en Private Equity pour ses prochaines années ?
D’abord, c’est être fidèle à ce qu’on est ! Ensuite, c’est exploiter un potentiel de croissance qui reste encore très élevé. Nous voulons quasiment doubler de taille à horizon 2030-2035. Cet objectif est ambitieux mais réalisable. Je pense qu’on peut se renforcer significativement sur les Private Assets. Mais nous voulons aussi développer nos autres classes d’actifs.
Combien de stagiaires prenez-vous chaque année en Private Equity chez Mirova ?
A Paris, nous recrutons 4 stagiaires pour une période de 6 mois. Donc cela fait 8 stagiaires au total par an. Ils sont répartis à l’échelle de la Business Unit Private Equity & Capital Naturel. Nous avons aussi 3 alternants dans les équipes. Cela fait un peu de monde. Alors à l’échelle de Mirova, encore plus ! Certains alternants ou stagiaires partent ensuite faire un VIE sur nos bureaux à l’étranger.
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Quels conseils pourriez-vous donner aux étudiants souhaitant faire carrière en Private Equity chez Mirova ?
D’abord, nous avons besoin d’avoir des jeunes qui sont « plug and play » autant que possible. Même si c’est une logique d’apprentissage, nous avons besoin d’étudiants qui comprennent où ils mettent les pieds. Cela signifie avoir déjà fait des stages en analyse financière, investissement ou Transaction Services dans un « Big Four ». C’est le premier volet. Cela sous-entend qu’il faut être capable d’écrire une note d’investissement. Et que cela n’est pas complètement nouveau. Ensuite, nous voulons des jeunes motivés. Par exemple, il faut démontrer un vrai intérêt pour l’investissement responsable, l’investissement à impact, la transition environnementale ou les grands enjeux sociétaux. Enfin, nous évaluons le fit avec l’ADN de Mirova. Cela comporte aussi une dimension de savoir-être. Comme on aimerait que chacun se comporte avec soi.
* Le Capital Naturel chez Mirova regroupe les investissements dans des projets contribuant à la préservation, la restauration et la régénération des écosystèmes naturels.
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