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Ardian : un acteur clé du Private Equity en co-investissement

Par Ziad Sebti

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7 min de lecture

Ardian est lancé en 1996 comme le pôle de capital-investissement du groupe Axa. Claude Bébéar, alors président de la compagnie d’assurance, demande à Dominique Senequier de créer ce fonds d’investissement interne et lui promet d’investir 1 franc (la devise de l’époque) à chaque fois qu’elle lèverait 2 francs auprès d’investisseurs externes. En moins de 30 ans, Ardian est devenu l’un des principaux acteurs mondiaux du Private Equity, avec aujourd’hui plus de 1050 employés répartis dans 16 bureaux à travers le monde.

Dans cet article, nous présentons les principales catégories d’actifs dans lesquels investit Ardian avant de couvrir plus spécifiquement le co-investissement, activité essentielle mais souvent peu connue des étudiants. Ensuite, nous évoquerons le process de recrutement et les missions du junior chez Ardian, en général communs à toutes les équipes.

Ardian, un fonds de Private Equity unique en France

En 2023, Ardian détient 150Mds€ d’actifs sous gestion. Son portefeuille se décompose de la manière suivante :

Les fonds de fonds

Plus de la moitié des actifs sont des fonds ce qui signifie qu’Ardian investit dans d’autres fonds de Private Equity. Ces opérations peuvent se faire en :

  • Primaire. Par exemple, l’équipe « fonds de fonds » de Ardian investit dans un fonds levé par KKR, au même titre qu’un assureur ou un fonds souverain. Sur cette activité, Ardian possède un flux constant d’opportunités qui lui sont proposées, ce qui permet d’être très sélectif. Ainsi, Ardian n’exécute que 7% des transactions qu’il reçoit
  • Secondaire. Par exemple, Ardian rachète une participation qui appartient au portefeuille de KKR, dans le cadre d’un LBO secondaire). Cette activité (« rachat de portefeuille ») est moins connue mais très importante pour Ardian, qui est d’ailleurs le plus important acteur français sur le marché secondaire

Les fonds directs

A côté, Ardian a des stratégies de fonds directs. Cela représente 27,5Mds€ d’actifs. Ce sont des investissements directs au capital d’autres entreprises. Ces activités comprennent :

  • Buy-out: prises de participation dans des entreprises sur les segments mid et large cap en Europe et Amérique du Nord
  • Expansion : prises de participations sur le segment lower midcap (au capital d’entreprises en forte croissance) dans la zone Euro
  • Co-investissement : participations minoritaires en Europe, Amérique et Asie (avec d’autres fonds partenaires)
  • North America Fund : prises de participations sur le segment lower midcap (au capital de sociétés industrielles ou de prestataires de services) en Amérique du Nord
  • Growth : prise de participation dans des entreprises en forte croissance (des scale-up déjà relativement matures)

Ardian investit aussi dans le domaine des infrastructures (transports, énergie et renouvelables, télécoms, infrastructure sociale). Cela représente environ 24Mds€ d’actifs et plus de 45 investissements depuis 2005

Ensuite, les équipes de Private Debt de Ardian proposent des solutions de financement non bancaires aux entreprises européennes sur le segment midcap. Cela représente 8Mds$ gérés ou conseillés, plus de 150 opérations réalisées et 115 sorties depuis 2005

Enfin, Ardian investit depuis 2015 en Real Estate, dans les immeubles de bureaux de grandes villes européennes (focus sur la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne pour le moment)

L’activité de co-investissement, un élément clé des fonds directs chez Ardian

Présentation du co-investissement

Le co-investissement se différentie de deux manières. D’abord, Ardian investit avec d’autres investisseurs dans un consortium. Ensuite, Ardian investit toujours en minoritaire au capital des entreprises. Deux approches sont possibles :

Le plus souvent, les équipes de co-investissement participent de manière passive à des investissements une fois qu’ils sont sécurisés par un autre fonds, comme KKR par exemple. Dans ce cas, elles investissent aux côtés du fonds, avec des tickets allant généralement de 20m€ à 100m€

Parfois, les équipes de co-investissement ont un rôle plus actif. Dans ce cas, elles peuvent initier la transaction, parfois avant que celle-ci ne soit lancée sur le marché. Plusieurs scénarios sont alors envisageables : création d’un consortium d’investissement avec un manager ou le CEO de la société, partenariat avec un fonds majoritaire, etc. Ici, Ardian participe à l’intégralité de la due diligence avec les autres investisseurs (par exemple le fonds majoritaire), ce qui permet d’investir des tickets plus importants

Avantage du co-investissement

L’équipe de co-investissement chez Ardian possède 3 grands atouts :

  1. Elle peut réaliser plus de transactions que les fonds de Buy-out standards. Car elle reste toujours en minoritaire. Depuis 2005, Ardian a ainsi réalisé plus de 130 transactions. Et le fonds a investi plus de 5Mds€ dans ces opérations
  2. Elle est complètement généraliste. Elle dispose d’une grande expérience dans diverses industries. Aucun secteur n’est ignoré, excepté ceux pour lesquels Ardian n’a pas d’expertise particulière (ex : les secteurs technologiques très pointus)
  3. Elle peut diversifier le portefeuille. Au niveau géographique, avec des investissements en Amérique du Nord, Europe et Asie. Pour le segment, avec des cibles appartenant aux segments small/mid et large cap. Et pour le type de co-investisseurs. Ardian travaille avec la quasi-totalité des GP de premier plan. Cette capacité de diversification est un atout majeur pour les LPs qui investissent dans les fonds car ils accèdent à un portefeuille plus diversifié, réduisant ainsi les risques en cas de mauvaise performance d’un investissement

Enfin, l’équipe de co-investissement de Ardian travaille souvent sur des timings courts, allant jusqu’à 3 ou 4 semaines au maximum pour les investissements passifs. Cela signifie que l’équipe doit être en mesure de synthétiser rapidement toutes les informations nécessaires pour d’abord réussir sa due diligence, ensuite soumettre sa proposition au comité d’investissement et enfin investir au côté du fonds. Ce process exige à la fois une grande capacité d’analyse et de synthèse des documents reçus et une bonne connaissance des secteurs d’activité concernés.

Les critères d’évaluation des choix d’investissement

Ardian suit une approche globale et rigoureuse en 4 étapes :

  1. Evaluation de la qualité du sponsor, c’est-à-dire son expertise de l’industrie dans laquelle Ardian va investir à ses côtés et son historique en matière de performance (c’est le « track record »). Ce critère est primordial car Ardian est minoritaire dans toutes les transactions. Par conséquent, la confiance dans la capacité du gérant à exécuter sa thèse d’investissement est essentielle
  2. Examen de l’équipe de management de la cible. Ce critère est aussi crucial car la qualité du CEO et de ses collaborateurs est souvent déterminante pour le succès de l’entreprise
  3. Etude des dynamiques de l’industrie et de sa résilience face à des événements tels que la pandémie de Covid-19
  4. Etude des axes de création de valeur à long terme de l’entreprise. C’est important pour maximiser le rendement du fonds

Pour en savoir plus sur l’équipe co-investissement de Ardian, vous pouvez retrouver notre interview avec Jean-Clément Pierre, Senior Investment Manager au sein de cette équipe.

Le processus de recrutement chez Ardian

On peut distinguer deux approches différentes selon la séniorité du poste, en stage ou CDI.

Pour un stage

L’approche classique est de déposer son CV directement sur le site internet de Ardian, participer aux forums où Ardian est présent ou contacter directement des professionnels sur LinkedIn. Ardian peut éventuellement lancer un process sur la plateforme Jobteaser. Le mieux est de passer par des voies différentes. Car cela permet de se démarquer et de maximiser ses chances d’obtenir un entretien. Ensuite, plusieurs entretiens techniques sont proposés. Ils évaluent le candidat sur deux parties. D’abord, le fit (cohérence du projet et du parcours, motivation pour le Private Equity et connaissance de Ardian). Ensuite, la technique (compréhension des principes financiers de base en Corporate Finance avec un focus sur les LBO).

Pour un CDI

Plusieurs choses sont déterminantes. D’abord, est-ce que le fonds recrute en externe au moment où vous postuler ? Pour le savoir, le mieux est de contacter directement les RH. Ensuite, disposez-vous d’une expérience significative pour intégrer directement Ardian comme analyste ? En général, un stage en M&A ou Private Equity est un vrai plus, même si cela n’est pas toujours indispensable. Enfin, l’intermédiation d’un chasseur de tête est parfois utile pour maximiser ses chances dans un recrutement en CDI. Surtout si vous postulez après quelques années d’expérience. Pour la suite, comme pour les stages, une bonne préparation reste l’élément clé pour maximiser ses chances de succès en entretien. A la fois sur le fit et la technique. Ici, vous devrez aussi convaincre les recruteurs que vos expériences précédentes sont suffisantes pour intégrer Ardian sans passer par un stage.

A quoi ressemblent les missions d’un junior chez Ardian ?

Chez Ardian, le junior a quatre missions principales :

  1. L’exécution des dossiers. Cela comprend plusieurs tâches. D’abord, un travail de recherche quand une opportunité arrive (marché, cible, etc.). Ensuite, la préparation des documents marketing comme l’investment memorandum. Puis, la modélisation du LBO sur Excel. Enfin, la préparation du comité d’investissement (avec aussi les réponses aux questions du comité)
  2. Le suivi des sociétés en portefeuille. Cela consiste à évaluer la performance de la société et aider le management dans diverses problématiques, par exemple la participation aux opérations de M&A ou les refinancements
  3. Le reporting à destination des LPs. C’est la préparation de documents qui contiennent les nouveaux investissements du fonds, le déploiement du fonds, les sorties du portefeuille, etc.
  4. La préparation des levées de fonds. Cela consiste à préparer l’ensemble des documents marketing pour convaincre les investisseurs dans le cadre de la levée d’un nouveau fonds

Plus spécifiquement, le stagiaire aide sur l’ensemble des tâches du junior. Il est vraiment impliqué dans toutes les missions de l’investment manager ou de l’analyste. En effet, les équipes en Private Equity sont souvent plus petites qu’en M&A. Les stagiaires sont donc très exposés. Ainsi, en fonction de son niveau et de ses expériences passées, il peut participer à l’ensemble du processus d’investissement, y compris la modélisation, la due diligence et le drafting des investment memorandum. Et lorsqu’il y a des opportunités de M&A dans une région spécifique pour une société du portefeuille, il peut aussi aider à établir une liste de cibles potentielles pour l’investment manager.

Pour en apprendre plus sur Ardian : Vous pouvez visionner notre webinaire avec Jean-Clément Pierre (Senior Investment Manager) :

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PAI Partners : un fonds pionner dans le Private Equity français

En novembre 2023, PAI Partners a bouclé « le plus gros fonds de l’année en France »  en Private Equity à 7,1 milliards d’euros. Cette collecte intervient pourtant dans un contexte global de ralentissement du Private Equity. Elle représente donc parfaitement le poids de PAI Partners dans le paysage de l’investissement français. Ce poids est la conséquence de l’histoire exceptionnelle de la société d’investissement : Initialement née dans le giron de la banque Paribas Progressivement liée au développement industriel de la France Récemment « indépendant » en ayant adopté le modèle classique d’un fonds d’investissement (au service de ces LPs) Mais malgré cette indépendance, PAI Partners reste un « pionnier » de l’investissement en France. D’où vient ce statut ? Dans quel contexte PAI s’est-il émancipé de la grande banque Paribas ? Quelles sont les stratégies d’investissement de PAI Partners ? Quelles expertises le fonds a-t-il développé au cours du temps ? 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Expertises métiers D’abord, PAI Partners possède deux principales stratégies d’investissement : PAI Europe C’est la gamme « flagship » historique de PAI Partners dédiée aux investissements sur le segment large cap (ou « upper mid-market »). Pour cette stratégie, PAI Partners a déjà levé 8 véhicules d’investissement. En général, ces véhicules injectent des tickets entre 150m€ et 400m€ dans des entreprises valorisées entre 300m€ et 1,5Mds€. Surtout, la levée du dernier véhicule a été bouclé en novembre 2023 à près de 7,1 milliards d’euros, ce qui en fait le plus gros closing de l’année en France. PAI Partners possède donc une « Dry Powder » élevée aujourd'hui : Ce montant dépasse non seulement l’objectif initial fixé à 8Mds€ mais aussi de 40% la collecte du précédent millésime clôturé en 2018 à 5,1 milliards d’euros. Pour cette nouvelle levée, le fonds a pu compter sur le soutien de nombreux investisseurs, dont plusieurs fonds de pensions, fonds souverains, institutions financières et family offices du monde entier. D’ailleurs, le taux de réengagement de ce flagship serait proche de 90%. Seulement 2 milliards d’euros proviennent de nouveaux LPs. A ce stade, une partie du montant collecté a déjà été investi. On peut citer quelques exemples : ECG/Vacanceselect, Looping, ECF, Infra Group, NovaTaste, Azets Group, Alphia PAI Mid-Market C’est une nouvelle gamme initiée par PAI Partners en 2020 pour élargir son périmètre d’investissement vers le mid-market. Pour cette nouvelle stratégie, un 1er fonds a été levé en 2020. Il injecte des tickets entre 50m€ et 150m€ dans des entreprises valorisées entre 100m€ et 400m€ Pour ces deux stratégies, PAI Partners prend généralement des participations majoritaires (prises de contrôle) au capital des sociétés dans lesquelles il investit. La durée moyenne de détention des participations au sein du portefeuille est de 5 ans. Expertises sectorielles Ensuite, PAI Partners investit principalement en Europe dans 4 secteurs clés : Business Services, Food & Consumer, General Industrials et Healthcare. Cette diversification sectorielle permet donc aujourd’hui au fonds de gérer un portefeuille varié. Quelques exemples : Business Services : Apave, Azets, ECM Food & Consumer : The Looping Group, La Compagnie des Desserts, European Camping Group, Tropicana General Industrials : SGD Pharma, StellaGroup, Albéa Healthcare : Amplitude Surgical, Ethypharm Expertise dans le « buy & build » Enfin, PAI Partners a développé une solide expertise dans la mise en place de stratégies de « buy & build ». Précisément, cela consiste à réaliser plusieurs acquisitions sectorielles autour d’une même société en portefeuille et d’une équipe de management (aussi appelée stratégie de build-up). Contrairement à plusieurs fonds d’investissement, PAI Partners investit seulement en Equity et ne possède pas d’équipe Private Debt (dédiée aux financements en dette comme alternative aux prêts bancaires). PAI Partners : Un fonds d’investissement pionnier sur les « GP stakes » En janvier 2023, PAI Partners ouvre son capital à hauteur de 15% à 20% au fonds américain Blue Owl. Précisément, l'acquéreur a investi un ticket entre 500 millions d’euros et 700 millions d’euros. Sur cette base, l’opération valorise PAI Partners autour de 3,7 milliards d’euros. Ces prises de participations de fonds au capital de société d’investissement est un phénomène assez nouveau en Europe. On l'appelle « GP stake » (abréviation de « General Partner stake ») ! Avec son nouveau actionnaire, PAI Partners souhaite élargir sa base d'investisseurs et accélérer son développement aux Etats-Unis, une géographie où le fonds n’est pas aussi présent qu’en Europe. Depuis plusieurs mois, plusieurs fonds de Private Equity s’activent d’ailleurs pour ouvrir leur capital de gré à gré (avec un investisseur) ou dans le cadre d’IPO (introduction en bourse) : Antin : Entrée sur Euronext en 2021 avec une valorisation de 4 milliards d’euros Sofinnova : Ouverture du capital en 2022 au fonds américain Apollo à hauteur de 20%. Dans le cadre de cette prise de participation minoritaire, Apollo va aussi injecter 1 milliard d’euros dans les futurs fonds du VC Meridiam : Ouverture de capital à hauteur de 20% à l’assureur coréen Samsung Life Insurance avec une valorisation de plus d'un 1 milliard d’euros. Cet apport va permettre au fonds de lancer de nouvelles stratégies, en particulier dans l'agriculture des pays émergents ou la biodiversité CVC : Ouverture du capital à Blue Owl en 2022 à hauteur de 8% sur la base d’une valorisation de 15 milliards d'euros Vous souhaitez travailler en Private Equity ? 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Par Quentin Demaret

6 min de lecture

Décryptage
Qu’est-ce que le Leveraged Buy Out (LBO) ?

L’acronyme « LBO » renvoie en réalité au terme Leveraged Buy Out, littéralement une opération financière avec un « effet de levier », c’est-à-dire l’acquisition d’une entreprise grâce à un recours significatif à la dette financière. Le recours à cette pratique remonte aux années 1980, peu après la naissance du fonds d’investissement KKR (fondé en 1976 par Jerome Kohlberg, Henry Kravis et George Roberts), qui se spécialise rapidement dans le financement d’acquisitions hostiles d'entreprises. Le schéma semble simple : les dettes contractées pour acquérir les cibles sont remboursées par la vente de branches non rentables (démantèlement de la cible) et une réduction des coûts (délocalisation, sous-traitance, licenciements). C’est le début des LBO modernes ! Cette pratique risquée a d’ailleurs valu le qualificatif de « barbares » à Kohlberg, Kravis et Roberts ! Dans cet article, nous allons d’abord classifier les différents types de LBO, puis expliquer pourquoi un fonds utilise la pratique du LBO et enfin parler du fonctionnement du LBO. A la fin de l’article, nous donnerons un exemple récent rapide de LBO.    Les différents types de LBO Le Leveraged Buy Out correspond à la pratique traditionnelle de l’achat avec effet de levier. Mais il existe quelques variantes. Lesquelles ? MBO (Management Buy Out) ou LMBO (Leveraged Management Buy Out) Ce sont des LBO à travers lesquels les managers actuels de l’entreprise acquièrent une partie ou tout son capital. En résumé, un LBO conduit par le management de l’entreprise. MBI (Management Buy In) ou LMBI (Leveraged Management Buy In) Ce sont des LBO à travers lesquels de nouveaux managers acquièrent une partie ou tout le capital de l’entreprise. En résumé, un LBO conduit par un nouveau management, qui à la fois entrent au capital et prennent les commandes opérationnelles de l’entreprise. OBO (Owner Buy Out) C’est un LBO à travers lequel le propriétaire de l’entreprise se « rachète à soi-même » (au moins en partie). Concrètement, le cédant est le dirigeant et l’actionnaire principal. Il transmet la majorité du capital de son entreprise à un fonds d’investissement tout en restant lui-même actionnaire minoritaire. Pour le fonds d’investissement, l’OBO présente l’avantage de poursuivre le développement de l'entreprise avec un dirigeant expérimenté avant de progressivement mettre en place son successeur. Pour le dirigeant en place (« Owner »), l’intérêt est de mettre de côté une partie souvent significative de son patrimoine (engager la transmission) tout en restant intéressé financièrement au développement de son entreprise (avec la seconde revente par le fonds d’ici quelques années). BIMBO (Buy-In Management Buy-Out) C’est un LBO dans lequel les acheteurs sont à la fois des investisseurs extérieurs (fonds d’investissement ou cadres extérieurs) et des managers de l'entreprise. Pourquoi fait-on un Leveraged Buy Out ? Le recours au LBO est courant. Quelles sont les motivations de chaque partie derrière cette pratique ? Le LBO pour les fonds d’investissement Dans un Leveraged Buy Out, l’acquéreur est toujours un fonds d’investissement, dont l’activité consiste à prendre des participations au capital (« Equity ») d’entreprises généralement non cotées (« Private »). C’est le métier du Private Equity. Parmi les plus connus en France, on peut citer Ardian, Eurazeo ou encore Tikehau. Vous pouvez retrouvez une liste de 30 fonds de Private Equity en France dans notre liste. Le principal objectif du fonds est financier : revendre la participation après quelques années (généralement entre 5 et 7 ans) en générant la plus-value la plus élevée possible. Cette plus-value se mesure avec deux indicateurs : le MoM (« Money on Money ») et le TRI (taux de rendement interne). Vous pouvez suivre notre cours de LBO pour en savoir plus sur le calcul de ses deux indicateurs. Pour rappel, un acquisition réalisée par une entreprise avec de la dette n’en fait pas un LBO pour autant ! Par exemple, Patrick Drahi (fondateur de Altice) a construit son « empire » sur des acquisitions successives en ayant à chaque fois recours à un haut niveau d’endettement. Aujourd’hui, la dette du groupe s’élève d’ailleurs à 60 milliards d’euros ! Pourtant, ces opérations ne doivent pas être considérées comme des LBO. Le LBO pour l’entreprise Dans un Leveraged Buy Out, la cible est (presque) toujours une entreprise non cotée. Pour elle, le LBO permet de se financer (avec des actionnaires qui ont les moyens de le faire) pour poursuivre son développement. Surtout, pour ses actionnaires (souvent les fondateurs de l’entreprise), cela permet d’organiser dans le temps la transition capitalistique et managériale Comment fonctionne un Leveraged Buy Out ? Le LBO a une structure particulière en plusieurs étages D'abord, le Leveraged Buy Out est un montage particulier : Au sommet, les fonds d’investissement qui acquièrent l’entreprise En bas, la cible qui est rachetée Entre les deux, une holding d’acquisition (appelée souvent « HoldCo ») qui est une « coquille vide », créée uniquement pour s’endetter (c’est elle qui porte la dette levée par les fonds au moment de l’acquisition) et racheter la cible Le LBO repose sur la dette Ensuite, le Leveraged Buy Out consiste à utiliser une partie significative (mais pas toujours majoritaire) de dette pour acheter la cible. Pour simplifier, il existe 3 niveaux de dette, correspondant chacun à un niveau de risque : La dette « senior »: C’est la dette « classique » qui est remboursée en priorité. Elle est donc peu risquée La dette « junior »: C’est la dette « subordonnée  » qui est remboursée uniquement si l’intégralité du principal de la dette senior l’a été. Elle est donc plus risquée La dette unitranche: C’est un mélange d’une dette senior et junior réunie en une seule et même tranche Le LBO cible certaines sociétés Enfin, la cible doit répondre à certains critères pour faire l’objet du LBO : stabilité des flux de trésorerie, marché mature, équipe de management expérimentée, etc. Pour en apprendre plus sur les critères de sélection d’un fonds de Private Equity, vous pouvez suivre notre cours sur Réussir les entretiens en Private Equity sur la plateforme. Exemple concret d’un Leveraged Buy Out : Trescal Le deal : En 2022, EQT Infrastructure (acquéreur) a réalisé un Leveraged Buy Out sur Trescal (cible) auprès de Omers Private Equity (cédant). L'opération a été réalisée sur la base d’une valorisation de 1,4Mds€ (dette comprise). Omers Private Equity réinvestit à hauteur de 25% et reste actionnaire minoritaire au capital de la société. C’est le 5ème LBO sur Trescal, mais EQT est le premier fonds infra à en prendre le contrôle. Pour cela, il utilise son 5ème véhicule closé en 2021 à 15,6Mds€ d’engagements (levée de fonds déjà réalisée auprès des investisseurs). Le financement : En 2022, les banques centrales ont durci leur politique monétaire. Dans ce contexte, le LBO a été financé par une dette unitranche fournie par un pool de prêteurs. Parmi les prêteurs, on peut citer Apollo, CVC, Goldman Sachs, KKR et Park Square-SMBC. Le levier financier de l’opération (Dette financière nette/EBITDA) s’élève à 5,25x, ce qui est assez élevé. Pourquoi ce deal ? Omers Private Equity réalise un exit auprès d’un autre fonds de Private Equity. De plus, il fait une belle plus-value après avoir racheté Trescal à Ardian en 2018 pour 670m€. EQT Infrastructures investit dans une société dont l’Equity Story est très compatible avec son positionnement (forte croissance à l’international, transformation digitale, secteur infra, résilience en cas de crise). Il compte mettre en œuvre la prochaine étape du développement de la cible pour la revendre dans quelques années à un prix encore plus élevé ! Celui-ci passera par de la croissance externe. Trescal avait déjà réalisé 5 acquisitions début 2023, toutes financées par un prêt de son nouvel actionnaire. Vous souhaitez faire un stage en Private Equity ? Les fonds d’investissement continuent à recruter des stagiaires et des juniors. Cependant, les offres sont moins nombreuses. Et il faut être très bien préparé pour en décrocher une. Pour vous aider, Training You a été fondé par deux anciens banquiers de Lazard qui connaissent les process de recrutement, les questions de fit et techniques régulièrement posées et comment y répondre. La plateforme Training You contient +60 heures de formation pour tout réviser et être au point le jour J : cours, exercices et cas pratiques, tests d’entraînement, fiches sur les banques et le fonds de Private Equity, podcasts avec des professionnels du secteur. Une plateforme de cours pour un seul et même objectif : décrocher le stage de vos rêves ! Découvrir les cours de la plateforme


Par Quentin Demaret

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Décryptage
Qu’est-ce que la Dry Powder en Private Equity ?

Dans le monde du Private Equity, la « Dry Powder » (ou « Poudre Sèche » en français) fait référence à l’argent qui a été levé par un fonds d'investissement mais qui n'a pas encore été investi. Concrètement, c'est l'argent disponible pour réaliser des investissements mais qui n'a pas encore été déployé. Dans cet article, nous allons d’abord rappeler les enjeux actuels autour de la « Dry Powder », puis mentionner les avantages et les inconvénients de bénéficier d’une « Dry Powder » élevée et enfin mentionner quelques exemples de fonds qui ont précisément constitué une « Dry Powder » importante ces dernières années. L’enjeu de la « Dry Powder » en Private Equity Dans un marché du Private Equity en ralentissement depuis 2022, plusieurs enjeux majeurs concernent directement la « Dry Powder ». D’abord, les fonds d’investissement disposent d’une manne de capitaux propres sans précédent. En effet, selon le rapport publié par le cabinet de Conseil en stratégie Bain & Company en février 2023, le montant de « Dry Powder » atteignait 3 700 milliards de dollars fin 2022, contre 3 200 milliards de dollars un an plus tôt. Précisément, 1 900 milliards de dollars concernent spécifiquement le Private Equity, majoritairement sur le segment du LBO avec 1 100 milliards de dollars. Source : Bain & Company   Ensuite, cette « Dry Powder » est de plus en plus vieille pour le LBO. Concrètement, son âge moyen est passé de 19 à 25 mois entre 2019 et 2021. Comment expliquer ces évolutions ? Deux facteurs peuvent être avancé. Premièrement, les fonds ont levé beaucoup d’argent dans le sillage de la crise du Covid-19. En effet, les investisseurs (LPs) étaient confiants dans la capacité des fonds d’investissement (GPs) à générer des rendements importants avec le Private Equity Deuxièmement, les fonds ont diminué leurs investissements depuis 2022. Cela s'explique par pour plusieurs raisons : durcissement des conditions de financement, attentes trop élevées des vendeurs sur la valorisation, attentisme des acquéreurs, etc. Par conséquent, le stock d’argent levé mais non investi augmente. Les avantages d’une « Dry Powder » élevée  La « Dry Powder » offre plusieurs avantages en Private Equity : Opportunités d'investissement. En disposant d'une réserve de liquidités, les fonds d'investissement ont la flexibilité nécessaire pour saisir rapidement les opportunités d'investissement qui se présentent. Cela leur permet d'être réactifs sur le marché. En effet, ils peuvent saisir des occasions qui pourraient ne pas être accessibles à d'autres investisseurs moins bien capitalisés Négociation favorable. Avec une « Dry Powder » importante, les fonds d'investissement peuvent souvent négocier des conditions plus avantageuses lors de l'acquisition d'entreprises ou de prises de participation. Ils peuvent par exemple accepter des niveaux de valorisation plus élevés. Car ils ont l’argent pour investir. Ils peuvent aussi négocier des clauses contractuelles plus souples Gestion du risque. La disponibilité de liquidités permet aux fonds d'investissement de diversifier leurs investissements et de répartir le risque sur un portefeuille de nombreuses entreprises. Cela peut atténuer les effets de pertes éventuelles sur un investissement particulier Soutien à la croissance. La « Dry Powder » peut être utilisée pour financer la croissance des entreprises dans lesquelles les fonds d'investissement détiennent des participations. Cela peut inclure des investissements (croissance organique) ou l’acquisition de cibles avec des build-up (croissance externe) Génération de rendements. En investissant la « Dry Powder » de manière judicieuse, les fonds d'investissement visent à générer des rendements plus élevés pour les investisseurs. En effet, ils peuvent gérer ce stock d’argent dans le temps dans le cadre d’une allocation stratégique des capitaux En résumé, la « Dry Powder » permet aux fonds d'investissement d'être flexibles, réactifs et stratégiques dans leurs investissements. Les inconvénients d’une « Dry Power » trop importante Une « Dry Powder » trop élevée en Private Equity présente aussi certains inconvénients : Pression pour investir. Si un fonds d'investissement accumule une quantité importante de « Dry Powder », il peut ressentir une pression pour investir cet argent rapidement afin de ne pas compromettre les rendements prévus pour ses investisseurs. Cette pression peut entraîner des décisions d'investissement hâtives ou des compromis sur la qualité des opportunités d'investissement Surévaluation des actifs. Une « Dry Powder » abondante contribue à une concurrence accrue pour les opportunités d'investissement. Cela peut conduire à une surévaluation des actifs. Les fonds d'investissement pourraient être contraints de payer des prix excessifs pour les cibles, ce qui pourrait réduire leur TRI, c’est-à-dire les rendements futurs de leurs investissements Risque de déploiement inefficace des capitaux. Lorsque les fonds d'investissement disposent d'une « Dry Powder » importante, il peut être tentant d'investir dans des entreprises ou des secteurs moins bien adaptés à leur stratégie d'investissement, simplement pour déployer les capitaux. Cela augmente le risque que les investissements ne produisent pas les rendements attendus Pression sur les performances à long terme. Un déploiement inefficace de la « Dry Powder » peut compromettre les performances à long terme du fonds d'investissement. Si les investissements ne génèrent pas les rendements attendus ou si les entreprises acquises ne parviennent pas à croître comme prévu, cela peut avoir un impact négatif sur les rendements globaux du fonds et sur sa réputation auprès des investisseurs. Cela sera alors plus difficile de lever d’autres fonds à l’avenir Incertitude en période de volatilité. En période de volatilité économique ou de turbulences sur les marchés financiers, une « Dry Powder » élevée peut représenter un fardeau supplémentaire pour les fonds d'investissement. Ils peuvent être confrontés à des difficultés pour trouver des opportunités d'investissement attrayantes dans un environnement incertain. Et cela compromet leur capacité à déployer efficacement les capitaux En résumé, une « Dry Powder » excessive peut entraîner des pressions et des risques pour les fonds d'investissement. Cela concerne en particulier la qualité des investissements, les performances à long terme et la gestion de la volatilité du marché. Quels fonds de Private Equity détiennent la « Dry Power » ? En Private Equity, 25 fonds détiennent 22% du total de la « Dry Powder » en 2023. Cette forte concentration des capitaux au sein d'un petit nombre de fonds traduit la « prime à la qualité » recherchée par les investisseurs. Quelques exemples : Apollo avec 55 milliards de dollars KKR avec 43 milliards de dollars CVC avec 39 milliards de dollars Ardian avec 31 milliards de dollars Blackstone avec 29 milliards de dollars Vous voulez travailler en Private Equity ? Les process de recrutement sont compétitifs pour les fonds d’investissement. Training You est la 1ère plateforme de préparation en ligne aux entretiens en Corporate Finance. Avec nos Packs, vous aurez accès aux vidéos sur les concepts techniques à maîtriser (avec entre autres un cours complet sur le Private Equity), des exercices et cas pratiques d’entraînement, des fiches sur les entreprises (dont 30 fonds de Private Equity), des podcasts exclusifs avec des professionnels. Une plateforme de cours pour un seul et même objectif : décrocher le stage de vos rêves ! Découvrir les cours de la plateforme


Par Quentin Demaret

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