Le LBO : l’opération emblématique du Private Equity

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Le LBO ou « Leveraged Buy-Out » est un type d’opération aussi emblématique que spécifique du Private Equity. Dans cet article, on explique d’abord ce qui rend le LBO différent d’une acquisition classique et ensuite la dynamique du LBO dans un contexte géopolitique et économique difficile pour le Private Equity.

Un LBO est une opération M&A spéciale dédié au Private Equity

Dans un LBO, un acheteur acquiert une cible. En ce sens, il fait partie du périmètre des M&A (c’est une acquisition…). Cependant, plusieurs spécificités font du LBO une opération particulière.

Le type d’acquéreur dans les LBO : des fonds de Private Equity

Dans un LBO, l’acquéreur est toujours un fonds d’investissement, généralement appelé fonds de Private Equity. Exemples : Ardian, Tikehau, Eurazeo, Carlyle, etc. Pour rappel, le métier d’un fonds de Private Equity consiste à prendre des participations au capital (« Equity ») d’une entreprise non cotée (« Private ») et de la revendre quelques années après avec une plus-value.

L’objectif de l’acquisition dans le LBO

Un fonds de Private Equity est un investisseur financier. Par conséquent, il a un objectif purement « financier » : revendre la cible après quelques années (généralement entre 4 et 6 ans), en réalisant une plus-value la plus élevée possible (matérialisée par le MoM* et le TRI**). Dans une opération M&A classique, c’est très différent. L’entreprise ou « corporate » a un objectif « stratégique » : déployer une vision à long terme avec la cible (matérialisée par l’intégration de celle-ci au sein de l’acheteur et la génération de synergies avec elle sur la durée).

Le financement des LBO par les fonds de Private Equity

Dans un LBO, le financement s’appuie toujours sur une partie significative de dette. Attention, un LBO n’est pas nécessairement financée avec plus de 50% d’endettement ! Mais le fonds de Private Equity cherche en général à augmenter la part d’endettement dans le prix pour maximiser la rentabilité des capitaux propres investis au départ. C’est ce qu’on appelle le « levier financier » du LBO. Au contraire, une opération M&A classique peut se financer 100% en titres, sans recourir à la dette.

La structure de l’opération LBO

Dans un LBO, le fonds de Private Equity crée une holding d’acquisition (on l’appelle souvent « HoldCo »), dont l’unique objectif sera d’acquérir la cible. C’est une « coquille vide » sans activité opérationnelle. D’une part, elle acquiert la société cible et en porte les titres. D’autres part, elle s’endette pour le compte des actionnaires et paie les intérêts financiers ainsi que le remboursement du capital aux créanciers. D’ailleurs, les flux qui remontent de la cible opérationnelle vers le fonds de Private Equity (cash flow opérationnels, dividendes) transitent par la holding.

Le type de cible recherché par les fonds de Private Equity dans les LBO

Les critères de sélection des cibles sont souvent plus strictes dans un LBO, en lien avec l’objectif purement financier du fonds. Premièrement, la cible doit être est rentable. Mieux, elle doit générer des cash flow réguliers et les plus élevés possibles, à la fois pour rembourser la dette et remonter le maximum de dividendes aux actionnaires. Deuxièmement, elle doit évoluer sur un marché peu risqué pour ne pas ajouter un risque opérationnel au risque financier. Cela se reflète par de fortes barrières à l’entrée, peu de concurrence, une croissance possible mais dans un marché déjà assez mature et sans risque de rupture technologique (pour ne pas avoir à dépenser trop de Capex et les garder pour rembourser la dette et remonter les dividendes). Troisièmement, le management se doit d’être expérimenté et solide. Après tout, c’est eux qui vont créer la valeur !

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Le LBO subit l’environnement difficile du Private Equity depuis quelques mois

Au premier semestre 2022, plus de 25 000 opérations M&A ont été réalisées pour un montant supérieur à 2 000Mds$. Ces chiffres sont en ligne avec les années 2018 et 2019. Mais ils accusent déjà un recul de 20% par rapport à 2021 (l’année de tous les records). Et le Private Equity a été l’un des moteurs principaux du M&A sur cette période. Sur la période, il représente environ 50% des transactions au niveau mondial. Son poids a doublé en 5 ans. Et sur le marché français, les fonds ont même réalisé 75% des transactions.

Cependant, le contexte géopolitique (guerre en Ukraine) et macroéconomique (tensions inflationnistes, resserrement des politiques monétaires des banques centrales) impacte les deals en cours. La bourse a été plus que chahutée, avec parfois de fortes corrections. Et les actifs privés aussi. Le LBO est sous tension. Pourquoi ?

L’incertitude des Business Plans dans un contexte inflationniste

Les conséquences de la guerre en Ukraine et les inadéquations entre l’offre et la demande sur certains marchés (produits agricoles, énergies, etc.) génère une forte poussée inflationniste (du jamais vu depuis les années 1980 dans les pays du monde occidental). Or, l’inflation entraine une baisse de la consommation des ménages et des investissements des entreprises. Par conséquent, les prévisions financières (le Business Plan) des entreprises sont fortement impactées : moins prévisibles, moins lisibles et surtout moins certaines. Dans ce contexte, les investisseurs expriment davantage de frilosité lors de l’acquisition potentielle d’une société

La raréfaction du financement

Le ralentissement très fort du marché du financement renforce ces réticences. Face à l’inflation qui augmente, les banques centrales ont durci leur politiques monétaires, avec par exemple une hausse des taux directeurs. Le recours à l’endettement est donc moins facile pour les investisseurs. Or, un LBO se finance toujours avec une partie significative de dette… Dans ce contexte, les fonds de PE préfèrent reporter leurs acquisitions plutôt que de subir ces conditions de financements défavorables. En effet, ces opérations peuvent avoir un impact négatif direct sur la rentabilité de l’investissement

Le problème de la valorisation

Enfin, certains deals échouent en raison de l’écart entre les attentes des vendeurs et la valorisation proposée par les acquéreurs. En effet, certains vendeurs refusent d’ajuster à la baisse leurs exigences de prix. Or, le contexte a évolué. Et les fonds de Private Equity ne sont plus prêts à financer sur la base des mêmes multiples de valorisation qu’en 2021

Pour conclure, le marché du LBO subit un net ralentissement. Mais il n’est pas à l’arrêt. D’abord, le paysage des fonds de Private Equity est hétérogène. Si beaucoup subissent de plein fouet cette situation, certains réussissent encore à lever des fonds record, en jouant par exemple sur la notoriété de leur marque. C’est par exemple le cas de Ardian ou CVC. Ensuite, le segment des LBO « large cap » (qui nécessite des financements plus élevés) est plus impacté que les opérations « small/midcap ». Enfin, un contexte de crise fait toujours naître certaines opportunités de marché. Il serait étonnant que 2023 fasse exception à cette règle.

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* Le MoM (« Money on Money ») est le ratio entre la part du prix financée avec des capitaux propres (Equity Value à l’entrée) et le prix de sortie (Equity Value à la sortie).

** Le TRI (« Taux de Rendement Interne ») est le rendement annuel moyen pour le fonds de Private Equity.

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