Pourquoi débuter sa carrière en Transaction Services ?

8 min de lecture

« Dans une transaction, le M&A est le « chef d’orchestre ». Il coordonne l’action des différents acteurs qui interviennent sur le deal : les consultants en stratégie, les avocats, les fiscalistes, etc. Le Transaction Services a un rôle plus spécifique qui consiste à produire un rapport de due diligence financière. Son objectif est double : qualifier l’information financière et identifier les zones de risque »

Edouard Léger est actuellement Deputy Manager en Transaction Services chez Deloitte. Diplômé de l’ESSEC, il a réalisé plusieurs stages (Conseil interne chez EDF, M&A chez Adviso Partners, Private Equity chez 21 Invest) avant de débuter sa carrière en Transaction Services, d’abord chez Grant Thornton pendant 2 ans puis chez Deloitte.

Dans cet interview, Edouard revient sur son parcours, explique les principales différences entre le Transaction Services et le M&A, parle du processus de recrutement chez Deloitte et donne son point de vue sur les tendances du Transaction Services en 2023.

Comment as-tu découvert l’univers du Corporate Finance ?

Je l’ai découvert à la fois dans mon premier stage chez EDF Conseil et grâce à mes rencontres à l’ESSEC. Chez EDF, j’ai compris les leviers de création de valeur et de croissance interne d’une grande entreprise. A l’ESSEC, j’ai rencontré des professionnels de ces métiers à l’occasion de plusieurs forums organisés par l’école et mieux compris les leviers de croissance externe des entreprises.

Peux-tu nous parler de tes différents stages à l’ESSEC ?

D’abord, chez EDF Conseil, j’ai travaillé sur deux missions : la refonte des processus organisationnels pour la Direction des achats (quand acheter et quand faire en interne) et les impacts des nouveaux tarifs réglementés de l’énergie pour la Direction marketing. Ensuite, chez Adviso Partners en M&A, j’ai travaillé sur des missions d’origination avec la réalisation de plusieurs pitchs et sur une exécution, la restructuration du holding Financière Turenne Lafayette (connu pour sa marque William Saurin). Enfin, chez 21 Invest en Private Equity, j’ai analysé des projets d’investissement, suivi les entreprises du portefeuille et géré certaines tâches statistiques en interne.

Suite à ces stages, pourquoi et comment as-tu rejoint Grand Thornton en Transaction Services ?

Deux facteurs ont guidé mon choix. Premièrement, je souhaitais rester dans le Conseil plutôt que passer côté « investisseurs ». Deuxièmement, j’étais attiré par la dimension technique du Transaction Services, avec l’étudie des chiffres et la compréhension du Business Model de l’entreprise d’un point de vue financier. J’ai rencontré des professionnels de Grant Thornton lors d’un forum à l’ESSEC et j’ai eu un excellent fit avec eux. Ils m’ont fait une offre et j’ai accepté sans hésitation.

Peux-tu nous expliquer les différences entre le Transaction Services et le M&A ?

Dans une transaction, le M&A est le « chef d’orchestre ». Il coordonne l’action des différents acteurs qui interviennent sur le deal : les consultants en stratégie, les avocats, les fiscalistes, etc. Le Transaction Services a un rôle plus spécifique qui consiste à produire un rapport de due diligence financière. Son objectif est double : qualifier l’information financière et identifier les zones de risque. Nous produisons des rapports, à la vente ou à l’achat, qui se concentrent principalement sur deux analyses : la « Quality of Earnings » (QoE) et la « Quality of Debt » (QoD). La QoE est une normalisation de l’EBITDA, l’agrégat de référence du compte de résultat. La QoD est une normalisation de la dette nette, un indicateur de référence du bilan.

Pourquoi as-tu changé de cabinet après deux ans chez Grand Thornton ?

D’abord, j’aime la puissance de la marque Deloitte. Grand Thornton est bien établi, notamment aux États-Unis, mais Deloitte a une plus grande reconnaissance de marque en Europe et en France. Ensuite, je voulais travailler sur des deals plus internationaux, de type « cross-border ». Or, Grand Thornton se concentre plutôt sur des transactions franco-françaises. Enfin, j’étais intéressé par la diversité de clients et missions chez Deloitte. Par exemple, j’ai travaillé pour un grand groupe aéronautique français cherchant à faire une acquisition à l’étranger, sur des sujets d’infrastructures d’énergies renouvelables ou sur des levées de fonds pour des startups du secteur de la santé.

Quels profils Deloitte recherche-t-il en Transaction Services ?

Deloitte cible généralement les diplômés des écoles de commerce et d’ingénieurs du Top 10 et certains profils plus techniques issus de bonnes universités. Pour les expériences professionnelles, deux types d’expériences sont valorisées : une expérience « technique » (Contrôle de Gestion, Audit) qui donne une forte compréhension des chiffres financiers d’une entreprise ou une expérience plus « stratégique » (bras droit du CEO en startup ou en Conseil en stratégie) qui permet de bien comprendre le Business Model des sociétés. Enfin, certaines compétences sont valorisées comme la communication car une grande partie du travail se fait en équipe ou la capacité d’initiative (création d’une association, participation à des activités sportives ou associatives pendant les études) car cela montre que le candidat sera proactif dans l’équipe.

Quelles questions techniques reviennent le plus souvent en entretien ?

C’est assez similaire au M&A ou PE. L’idée est de vérifier si le candidat a une bonne compréhension des relations financières et comptables entre les différents états financiers. Dans un premier temps, nous attendons des candidats qu’ils comprennent comment les activités d’une entreprise se matérialisent dans ses états financiers. Par exemple, comment une entreprise facture et comment cela se traduit en chiffre d’affaires ? Comment ses coûts sont-ils représentés ? Dans un second temps, nous allons un peu plus loin et posons des questions techniques plus précises. Par exemple, comment on normalise la dette nette ? Ces questions requièrent une certaine préparation car elles sont assez spécifiques. La plateforme Training You peut vous aider ! L’important, c’est de ne pas réciter par cœur une liste d’ajustements mais de les comprendre et les expliquer avec des exemples concrets.

Peux-tu nous parler de ta journée type en tant que junior en TS ?

Pour les juniors, la journée commence avec la construction d’un Data Book qui recense les principales informations comptables de la société. Cela implique la réception des documents sur une plateforme en ligne, en particulier les balances générales comptables. L’analyste va « mapper » les comptes, c’est-à-dire assigner une nomenclature aux comptes de la balance générale pour reconstituer les états financiers. Puis, il y a généralement un point avec le Manager sur les difficultés rencontrées et la compréhension des chiffres. Dans l’après-midi, le junior se concentre davantage sur la rédaction des slides. En fin de journée, il suit l’avancement du projet et peut participer à une réunion avec le client. Pour les managers, la journée inclut la supervision du travail des juniors et des interactions plus directes avec les clients et autres parties prenantes du deal.

Actuellement, le secteur fait face à un ralentissement. L’activité chez Deloitte est-elle impactée ?

Le marché du M&A connaît actuellement une certaine incertitude, notamment en raison de la remontée des taux directeurs en Europe et du contexte géopolitique instable. L’Ukraine et la Chine sont deux exemples de zones où les tensions peuvent affecter le marché. En dépit de cela, l’impact sur Deloitte a été modéré. Bien que le dealflow est plus léger en ce moment, nous avons beaucoup de nouveaux projets, en particulier dans des secteurs très actifs comme la santé et la technologie.

Qu’en est-il du recrutement ?

Ces circonstances n’ont pas d’impact significatif. Nous continuons de recruter pour soutenir notre activité.

Quelles sont les voies possibles après une expérience en Transaction Services ?

D’abord, le Private Equity est souvent la voie privilégiée. Autour de moi, plusieurs collègues ont rejoint un fonds d’investissement. Ensuite, des postes en Direction financière ou Corporate M&A dans les entreprises sont aussi accessibles. Puis, le M&A est aussi une option solide. Certains réussissent à faire ce « move » entre le TS et une boutique M&A. Enfin, l’entrepreneuriat représente une alternative intéressante. Certains collègues sont partis pour monter leur propre entreprise.

Vous souhaitez travailler en TS ?

Les recrutements sont très techniques. C’est important d’être bien préparé ! Pour vous aider, Training You est la 1ère plateforme de préparation aux entretiens en M&A/Corporate Finance. La plateforme contient plus de 60 heures de formation pour tout réviser et être au prêt le jour J : des cours pour préparer le fit et réviser la technique financière, des exercices et cas pratiques pour pratiquer à votre rythme, des fiches sur les grands cabinets pour vous acculturer au secteur et des podcasts avec des professionnels du secteur pour obtenir des retours d’expériences.

Découvrir les cours de la plateforme

Consulter d'autres articles

Interview avec Romain Devrieze, Manager en Audit chez Mazars
5 raisons de travailler en M&A
Qu’est-ce que le WACC ?

Abonnez-vous à notre newsletter bimensuelle

Retrouvez les principales actualités en Corporate Finance et en Conseil en stratégie dans votre boîte mail tous les 15 jours

[sibwp_form id=1]