Qu’est-ce que l’EBITDA ?

10 min de lecture

L’EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization) est une notion clé en Corporate Finance. D’abord, il est régulièrement testé lors des entretiens en M&A ou pour d’autres métiers en Corporate Finance. Ensuite, il est fréquemment utilisé dans le travail quotidien du banquier d’affaires ou autre professionnel en Corporate Finance.

Dans cet article, nous rappellerons d’abord la définition de l’EBITDA et ses méthodes de calcul. Ensuite, nous étudierons ses principaux cas d’applications en Corporate Finance.

Définition de l’EBITDA

L’EBITDA est un agrégat comptable et financier qui mesure la performance opérationnelle d’une entreprise, c’est-à-dire sa capacité à générer un résultat avec son activité opérationnelle (avant la prise en compte de la politique d’investissement, la politique financière ou les potentielles optimisations fiscales réalisées par l’entreprise).

  • S’il est positif, cela signifie que l’entreprise génère un profit de son activité opérationnelle. C’est un bon signe pour la santé financière de l’entreprise
  • S’il est négatif, cela signifie que l’entreprise génère une perte de son activité opérationnelle. C’est une alarme pour la santé financière de l’entreprise

L’EBITDA tire son appellation d’un acronyme anglais composé de :

  • « Earnings » (le résultat provenant de l’activité de l’entreprise)
  • « Before » (on ne prend pas en compte dans ce résultat différents éléments)
  • « Interest » (les intérêts financiers font partie de ces éléments car ils sont liés à la politique financière de l’entreprise)
  • « Taxes » (les impôts font aussi partie de ces éléments, car ils sont liés à la politique fiscale de l’entreprise)
  • « Depreciation and Amortization » (les dépréciations et amortissements font enfin partie de ces éléments car ils sont liés à la politique d’investissement de l’entreprise)

Méthodes de calcul de l’EBITDA

L’EBITDA s’obtient de deux manières principales :

1- La méthode de calcul courante à partir du chiffre d’affaires

Il s’agit de la méthode la plus couramment utilisée :

EBITDA = Chiffre d’affaires (Revenue) – Coûts d’exploitations (Opex)

Parmi les coûts d’exploitations, on distingue les coûts directs ou COGS (Cost of Good Sold) qui varient en fonction du volume d’activité de l’entreprise (ex : les matières premières) et les coûts indirects ou SG&A (Selling, General & Administration) qui ne varient pas en fonction du volume d’activité de l’entreprise (ex : les salaires).

2- La méthode la moins courante à partir du résultat net

Cette méthode de calcul (dite aussi la « méthode additive ») est moins utilisée mais demeure intéressante à connaître :

EBITDA = Résultat net + Impôt sur les sociétés + Résultat financier + Résultat exceptionnel + D&A

Cela revient à partir de l’agrégat final du compte de résultat (le résultat net) puis à ajouter l’ensemble des éléments entre l’EBITDA et le résultat net, c’est-à-dire :

  • L’impôt sur les sociétés (IS)
  • Le Résultat financier, calculé comme la différence entre les produits financiers et les charges financières
  • Le Résultat exceptionnel, calculé comme la différence entre les produits non récurrents et les charges non récurrentes
  • Les D&A, qui sont les dotations aux provisions et amortissements

Quelle est la différence entre l’EBITDA et l’EBE ?

L’EBITDA ne fait pas partie des « Soldes Intermédiaires de Gestion » dans la comptabilité française. Pourquoi ? C’est une notion anglo-saxonne. En France, on parle plus généralement de l’EBE ou « Excédent Brut d’Exploitation », qui lui est très proche.

Les deux notions sont proches mais on observe trois différences :

  • La participation et l’intéressement sont inclus dans l’EBITDA mais exclus de l’EBE
  • Les produits et charges exceptionnels sont inclus dans l’EBITDA mais exclus de l’EBE. C’est ici assez théorique (au sens littéral de EBITDA) car ces éléments sont en pratique quasi toujours retranchés après l’EBITDA par les entreprises
  • Les provisions d’exploitation (dotations et reprises sur stocks et créances clients) sont exclus de l’EBITDA mais inclus dans l’EBE

Pour obtenir tous les détails sur ces ajustements entre les deux notions, vous pouvez visionner notre cours dédié à la comptabilité sur la plateforme Training You

Les applications concrètes de l’EBITDA en Corporate Finance

L’EBITDA a plusieurs applications concrètes.

1- Les applications de l’EBITDA dans l’analyse financière

L’EBITDA comme mesure de la performance opérationnelle

D’abord, il permet de mesurer la rentabilité opérationnelle d’une entreprise. C’est le meilleur indicateur de la performance opérationnelle de l’entreprise. En effet, il mesure sa capacité à utiliser efficacement ses actifs pour générer un résultat opérationnel. Par conséquent, les parties prenantes de l’entreprise (auditeurs, analystes financiers, investisseurs, etc.) suivent de près la génération de l’EBITDA pour émettre un avis sur le cycle d’exploitation de l’entreprise. D’ailleurs, ils calculent généralement le ratio EBITDA/Chiffre d’affaires (appelé aussi la marge d’EBITDA) pour mesurer le niveau de cette performance opérationnelle. Evidemment, la marge d’EBITDA dépend aussi du secteur d’activité de l’entreprise. Mais ce ratio demeure un indicateur pertinent pour comparer la rentabilité de différentes entreprises appartenant à un même secteur.

L’EBITDA comme indicateur clé de la solvabilité

Ensuite, il permet de mesurer la solvabilité de l’entreprise. La solvabilité mesure sa capacité à rembourser sa dette financière sur le moyen et long terme. Dans ce cas, ce sont les créanciers de l’entreprise qui suivent de près l’EBITDA et qui le comparent généralement au niveau de dette financière nette (somme des dettes financières à court terme et long terme diminuée de la trésorerie de l’entreprise). D’ailleurs, ils calculent le ratio Dette Financière Nette/EBITDA (appelé aussi le levier financier) pour mesurer le niveau de solvabilité de l’entreprise. Au-delà de 3 fois, on considère souvent que l’entreprise est trop endettée par rapport à sa capacité à générer de la richesse. Bien-sûr, il existe là encore des exceptions et des différences en fonction des secteurs d’activité.

L’EBITDA comme proxy du flux de trésorerie opérationnel

Enfin, il peut être utilisé comme une approximation du niveau de flux de trésorerie opérationnel de entreprise (« Operating Cash Flow »). Ainsi, il mesure la capacité de l’entreprise à générer des flux de trésorerie à partir de son activité opérationnelle. Cependant, il est important de rappeler que l’EBITDA intègre certains éléments qui ne sont pas des flux de trésorerie réels pour l’entreprise tels que :

  • Les créances clients ou les stocks (intégrés dans le chiffre d’affaires et donc dans l’EBITDA mais qui ne correspondent pas encore à des entrées de trésorerie pour l’entreprise)
  • Les dettes fournisseurs (intégrées dans le chiffre d’affaires et donc dans l’EBITDA mais qui ne correspondent pas encore à des sorties de trésorerie pour l’entreprise)

2- Les applications de l’EBITDA dans la valorisation

L’EBITDA comme agrégat de référence pour les multiples de l’Entreprise Value

D’abord, dans le cadre d’une valorisation avec les méthodes analogiques (comparables boursiers et transactions précédentes), il est l’agrégat de base du multiple le plus souvent utilisé, à savoir Enterprise Value/EBITDA. Pourquoi ? Car les évaluateurs apprécient le rapport entre la valeur de l’entreprise et sa performance opérationnelle. Encore une fois, le niveau du multiple Enterprise Value/EBITDA dépend aussi de l’industrie. Dans certains cas, les sociétés sont aussi valorisées à l’aide du multiple Enterprise Value/EBITDA–Capex, qui permet de prendre en compte la politique d’investissement de l’entreprise. Ce multiple est surtout pertinent pour les entreprises qui évoluent dans des secteurs à fortes intensité capitalistique (ex : sidérurgie, chimie, bâtiment, etc.).

L’EBITDA est considéré comme un agrégat de base fiable pour un multiple car il représente la performance opérationnelle de l’entreprise. Souvent, l’EBITDA est aussi analysé par les analystes en Transaction Services, dont le métier consiste à certifier les principaux agrégats de l’entreprise dans un cadre transactionnel, souvent une opération M&A. Les équipes Transaction Services (par exemple dans les principaux cabinets d’audit : EY, KPMG, Deloitte et PwC) font des retraitements (ou ajustements) pour arriver à ce qu’on appelle l’EBITDA « normatif » (qui représente l’agrégat que peut générer l’entreprise à long terme en suivant une activité « normale). Et c’est cet EBITDA « normatif » qui servira de base au multiple de valorisation. Ces principaux ajustements sont expliqués dans le cours de Transaction Services sur la plateforme Training You.

L’EBITDA comme point de départ du calcul du FCFF dans le DCF

Ensuite, dans le cadre d’une valorisation avec la méthode du DCF (« Discounted Cash Flow), il peut être utilisé comme le point de départ pour calculer le « Free Cash Flow to the Firm » (ou « FCFF »). De cette manière, cela n’est pas nécessaire de procéder à un ajustement sur les D&A qui ne sont pas encore déduites de l’EBITDA. Et cela peut simplifier le calcul du FCFF.

On a :

FCFF = EBITDA – Impôt – Capex – Variation du BFR

avec :

  • Impôt = EBIT x (1-t) car il faut le calculer sur l’EBIT (le dernier agrégat pré-intérêts financiers au compte de résultat, qui ne prend donc pas en compte la structure financière de l’entreprise)
  • Capex = Dépenses d’investissement de l’année
  • Variation du BFR = BFR cette année – BFR l’année dernière

Cependant, certains évaluateurs préfèrent prendre l’EBIT (« Earnings Before Interest and Taxes ») plutôt que l’EBITDA comme point de départ et ajouter à cet agrégat les D&A. En fin de compte, le choix entre EBITDA ou EBIT dépend des préférences et besoins de l’analyste. Cependant, il est important de noter que chaque approche présente des avantages et inconvénients.

En conclusion, l’EBITDA est l’une des notions les plus importantes en Corporate Finance. Elle est à la fois essentielle pour faire l’analyse financière d’une entreprise et pour la valoriser. Surtout, c’est une notion à bien connaitre pour vos entretiens dans le secteur !

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